Une lettre (2)

Le Consul est debout. Prudemment, je chemine vers lui. Mes pieds me font terriblement souffrir. L’expression de son effigie d’éther me libère de toute peur.

Je soupire, bouge vers le fond, où des guérisons se sont produites, où des prodiges ont eu lieu.

Il me vise des yeux, me scrute. Il me convoque plus près. Je me penche. Le supplie. Me mets sur mon genou, me prosterne. Mon précepteur. Mon instituteur. Mon professeur.

Rien n’est meilleur, rien n’est plus céleste qu’un Dieu. Qu’un mi-homme mi-Dieu… Mon empereur.

Des employés viennent. Ils me donnent des vivres en silence. Têtes vers le sol. Le soleil illumine mon Dieu de ses reflets ocre. Une des soubrettes lève ses yeux ronds et verts.

« Monseigneur. L’ennemi de l’Est court vers nous. Que devons-nous effectuer ? »

Mon Dieu tient silence. Je LE contemple encore. IL me scrute encore. Elle quitte l’endroit les yeux vers ses orteils. Seuls. Moi et LUI. Dis-moi qui est le plus bel homme sur terre. Ô mon reflet.