Décapitée

L’inspecteur n’en croit pas ses yeux : devant lui un corps sans tête. Le corps d’une femme d’une vingtaine d’années au corps superbe. Il met un mouchoir sur sa bouche pour ne pas vomir. Ses cheveux blonds trempent dans la mare de sang… à quelques pas de son corps.

Le sang n’a pas fini de couler, quelle horreur ! La jeune femme est en chemise de nuit. Une jambe nue dépasse, tâchée de rouge. Le sang se mélange au vernis de ses orteils. Magnifique poupée de cire : au printemps de sa vie.

L’inspecteur peut encore sentir la chaleur remontant du corps frêle de la victime : le meurtre est extrêmement récent. Le crime (il en est certain) était prémédité. De la scie utilisée pour couper la tête d’Alice dégouline du liquide vital. Écœurant.

L’inspecteur pose la scie sur le sol. Il refuse de rester une minute de plus dans cette pièce. Dans sa carrière il en avait vu des cadavres, des corps mutilés, torturés, brûlés… des tués, des suicidés, des assassinés, des occis.

Il essuie ses yeux injectés de sang : avant de sortir de la pièce il ne doit pas oublier d’essuyer ses empreintes de la scie ! Première règle qu’il ait apprise lors de sa formation. Un tueur essaie toujours de masquer les traces de son passage. Qu’il soit un quidam ou un inspecteur.